J’observe à travers le carreau sale de ma chambre l’esquisse embrouillée du monde extérieur. Je reste là, immobile, je sourcille à peine. Au loin, dans le brouillard perpétuel, se dessine le fantôme d’un immense chantier abandonné, celui d'un amphithéâtre. Je ne distingue rien d’autre, sinon que le reflet de mon visage bleu et pétrifié.
Sur le téléviseur cathodique de ma chambre sont diffusés en boucle les matchs du Canadien. L’image sursaute, s’étire et se distortionne. Depuis quelques semaines la même séquence se répète encore et encore, toujours et toujours. La voix de Pierre Houde s’incruste dans ma tête plus profondément chaque fois : « Et le buuuuuuuuuuuuuut… ».
J'aimerais me jeter en bas de ma fenêtre. Je pourrais peut-être demander à Bill le gardien de me donner un coup de main?
Sur ma table de chevet poussiéreuse traîne une série d’articles élogieux traitant de la candidature de Seattle et du transfert des Coyotes de Phoenix. Pas une fois Québec n’est mentionnée. Je me demande qui a écrit sur les murs de ma chambre, partout il est écrit : Seattle, Portland, Orlando, Las Vegas, Kansas City, Saskatoon, Mexico. Qu’est-ce que tout cela veut dire?
Et pourquoi j’ai les mains aussi sales?
Aujourd’hui, sont venus me visiter des amis : François Gagnon, Richard Labbé, Mario Tremblay, Stéphane Langdeau, Philippe Cantin et quelques autres. Enfin, c’est ce que prétend monsieur Bettman, le directeur de l’hôpital. Je ne me souviens de rien, sinon que de quelques déclarations vide de sens.
Ça pique.
Je déteste avoir les fesses à l’air, j’ai une envie folle de me gratter, cette jaquette ridicule me tue et ma camisole de force m’empêche de me satisfaire. Je devrai demander à l’infirmière Clark.
C’est l’heure de mes médicaments. Où est le docteur Jamison?
À la retraite?
Gosbee? Pastor?
Vous êtes devenus fous?
Il serait peut-être temps de revenir à la réalité les amis!
C’est terminé à Glendale.
Pensez-y…
Commentaires
Excellent texte !