Ca fait un certain temps que je réfléchis à une chronique sur les réseaux sociaux. Après avoir lu le statut de la page facebook officielle de Régis Labeaume, j’ai décidé de me lancer…

Voici le statut en question :

« Soyez averti que cette page n'acceptera aucun pseudonyme ou propos haineux. Les commentaires publiés devront être endossés par une identité complète, c'est-à-dire avec nom et prénom. Les débats francs, transparents et durs à la limite, peuvent et doivent exister dans notre société, à la condition qu'ils se fassent à visage découvert. Pour moi, publier des propos anonymes signifierait être complice de la lâcheté. Quant aux propos haineux, je constate qu'ils ne sont endossés généralement que par des pseudonymes. »

Source : https://www.facebook.com/RegisLabeaume.pageofficielle?fref=ts

Au journal de Québec, M.Labeaume rajoutait :

«Les propos avec des pseudonymes, je trouve ça honteux. C’est une graine de violence incroyable. On sème la violence partout avec ça»

Source : http://www.journaldequebec.com/2015/08/20/facebook-labeaume-bannit-les-pseudonymes-de-sa-page

Après plus de 3 ans sur Twitter, 18 500 tweets uniquement sur les Nordiques, j’ai eu mon lot de trolls…

Troll :  Personne qui ne cherche qu’à créer la controverse, humilier, harceler sur les réseaux sociaux.

Et pourtant je suis loin d’être une polémiste. Je me contente de tweeter les articles de journaux, émissions de radios, citations intéressantes, vols d’avions louches, etc. Je laisse le travail d’analyse aux autres. Mon but c’est surtout de donner l’information, la résumer et la traduire le cas échéant.

Certains s’en souviendront, il y a environ 2 ans, des gens ont créé un faux compte Twitter en hommage à ma dentition croche. Le compte s’appelait « Jocellebadteeth », avec comme photo de profil, un zoom sur mes dents.
Pourquoi ? Car je tweet sur les Nordiques…
J’ai découvert le compte au retour d’une hospitalisation. Les gens avaient eu le temps de s’en donner à cœur joie. Ca m’a pris des jours pour le faire retirer et mettre fin à cette humiliation publique. J’ai quitté les réseaux sociaux quelques mois…

Récemment, une page satirique de Montréal (que je ne nommerai pas pour ne pas leur faire de pub) a publié un article ridiculisant ma passion pour les Nordiques et la surveillance des vols d’avions. Comme Winnipeg a eu le scoop du transfert par les avions, je fais la même chose. Ca m’amuse et on ne sait jamais.
 
Donc, sous l’article en question, il y a eu 77 commentaires, tous plus haineux les uns que les autres.
On me traitait de « consanguin », venant d’un village sans âme, on ridiculisait mon prénom (si bien choisi par ma grand-maman). On me traitait de « no life », stupide, souffrant de troubles mentaux, etc.
La page a finalement retirer les commentaires suite au mouvement de solidarité à mon égard.
Si je suis encore en train de tweeter sur le dossier, c’est grâce aux gens de Zone Nordiques et Twitter qui m’ont encouragée à ne pas lâcher malgré la bêtise humaine.

La tragédie, c’est que nous vivons dans une société où la violence verbale est banalisée. Non ce n’est pas normal de démolir quelqu’un…
On peut faire un débat animé, passionné, en profond désaccord, tout en restant respectueux.
Cela peut même alimenter le débat, faire évoluer les idées, permettre de se contre-vérifier.

Le problème, c’est ceux qui écrasent les autres… qui crient pour imposer leur point de vue. Ces gens qui vomissent leur mal de vivre en s’en prenant à tout le monde. Ces sociopathes qui ne devraient pas avoir un ordinateur entre les mains.
Quand on est obligé de crier et d’insulter…. ça ne reflète que la pauvreté de nos arguments.

Quand on m’écrit « T’es ben conne de croire à un transfert d’équipe»…  c’est de la violence verbale. Il n’y a pas d’autre mot pour ça. Et ces gens là n’ont aucun recul. Ils n’évoluent pas. Ils sont ce qu’ils sont, avec leur cerveau reptilien.
Le genre de personne qui vous humilie et ensuite vous dit tout étonné : « T’es ben sensible! »
Si vous devez constamment dire à votre entourage qu’il est trop sensible, peut-être devriez-vous revoir votre façon de vous exprimer.

Récemment quelqu’un a traité de « Has been » un ancien Nordiques que je venais de citer.  Je lui ai demandé gentiment de faire preuve de respect. Ce à quoi il m’a répondu. « Ben c’est une personnalité publique!».
Quoi ??? Parce qu’une personne est publique, elle devrait « accepter » de se faire humilier ? C’est dans sa description de tâche ? Je m’excuse, mais chaque être humain mérite le respect.

Le problème avec les trolls, c’est qu’ils ont un criant besoin d’attention. Plus on leur répond, plus ça les nourris. Ca n’a jamais de fin. C’est pourquoi la meilleure méthode est de les bloquer. Ils continueront sûrement de rire de moi, de vous… dans leur Twitter parallèle et désert. C’est pathétique, mais ces gens là finissent souvent seuls dans leur tour de haine, de mépris et de cynisme.

C’est pourquoi je salue l’initiative de M.Labeaume. Et j’espère que d’autres emboîteront le pas. Si nous ne pouvons empêcher les trolls, nous pouvons au moins limiter leur tribune.

Si je tweet jour après jour sur le dossier des Nordiques c’est que je suis déterminée, j’ai à cœur mon équipe, et je suis venue de loin… J’ai d’abord dû affronter les préjugés misogynes selon lesquels « une fille ça connait pas le hockey ». J’écoute le hockey depuis que j’ai 6 ans, en 1984. Je l’ai vu le but refusé de Alain Côté, j’ai vu Craig McTavish pas de casque, j’ai vu Sakic avec le numéro 88. Avant de tomber malade, je jouais aussi au hockey. Je collectionne les cartes de hockey, c’est mon univers. Et je sais qu’une trappe, ce n’est pas un dispositif pour attraper les souris…

Quand M.Labeaume dit :
« Ça va loin. Ça va jusque dans les cours d’école primaire. Je trouve ça dangereux. On a tous des responsabilités là-dedans.» 

C’est tellement vrai…  De 6 ans jusqu’à aujourd’hui j’ai fait face à cette violence barbare et gratuite.  J’ai été traitée à partir de 14 ans pour choc post-traumatique suite à l’intimidation subit à l’école : Violence verbale, psychologique, physique…
Quand on parle de choc post-traumatique, on parle des gens qui reviennent de la guerre… C’est dire à quel point l’intimidation brise quelqu’un.

Je ne serai jamais celle que j’aurais pu être. Je ne suis que la pâle copie qui a survécu à cet enfer. J’ai des séquelles à vie. Je m’en suis sortie avec une famille très aimante. Mais la société est dure. Et faire silence devant cette violence, c’est être complice. Aujourd’hui je fais le tour des écoles pour dénoncer l’intimidation. Je fais face aux enfants de mes intimidateurs de l’époque. Et je peux vous le confirmer, la violence c’est un cycle, une chaîne…  et certains perpétuent le mépris de génération en génération.

Souvent on dit aux victimes de se faire une carapace… c’est banaliser une fois de plus cette violence. C’est traiter les victimes comme une « cause du problème ». Et pour commencer, pour se faire une carapace, encore faut-il avoir un minimum d’estime de soi… mais il y a longtemps que la violence verbale nous a arraché les dernières parcelles de dignité.

Les gens le savent, ça fait 20 ans que je combats la maladie. J’arrive justement de mon traitement #41. Ca fait autant d’années que je combats la bêtise humaine sous forme d’intimidation. Je suis une survivante, une guerrière. Et ce n’est pas une armée de trolls qui va m’arrêter. Car je ne suis plus seule, j’ai des centaines de gens derrière moi. Et j’ai Régis Labeaume qui a osé se lever et dire au monde entier… « Ca suffit! »

Et je suis certaine de 2 choses :
D’ici 2017, je vais voir un match des Nordiques au Centre Vidéoton avec mes parents. Mon rêve ! Mon premier match à vie ! Ma première visite au Centre Vidéotron ! Les 8h de routes vont valoir la peine ! Et je pourrai enfin rencontrer tous ces gens qui apprécient ce que je fais pour le dossier des Nordiques.

Et l’autre chose dont je suis certaine… un jour, je vais rencontrer Régis Labeaume. Je ne sais pas quand, ni comment, je laisse ça entre les mains de l‘univers. Mais je vais lui faire signer mon chandail des Nordiques… Car c’est un grand homme, un homme de conviction, juste, qui se tient debout et un des grands artisans du retour des Nordiques.

Au nom des Fans des Nordiques, et au nom de tous ces gens qui ont été intimidés, humiliés, et n’ont souvent plus la force de se défendre, Merci Régis.

Jocelle Cauvier

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